Médecin, Peintre Paysagiste, Graveur, Aquafortiste, Eugène Charvot est né à Moulins (Allier) en 1847.
Elève de Félix Henri Giacomotti[1] (1828- 1909) et de Léon Bonnat (1833-1922), il débute au Salon de 1876 avec un dessin à la plume « Un Chemin creux » suivi, en 1879, par une toile « Prairies Bourbonnaises » (n°605 du catalogue).
Entre temps, il illustre, en qualité de Dr E. Charvot, le « Précis de médecine judiciaire »d'Alexandre Lacassagne (1843-1924) avec 47 figures dans le texte et 4 planches en couleur (Paris, G. Masson, 1878, 576 p.) « Notre collègue le docteur Charvot, nous a aussi prêté le concours de son beau talent pour les dessins des figures et des planches ».
En 1884, réside à Nancy et envoie au salon de la Société des Artistes Français « Vue du parc de Saint-Cloud, soleil couchant ».
Médecin-major de première classe et professeur agrégé du Val-de-Grâce, Eugène Charvot est affecté, au milieu des années 1880, en Afrique du Nord où il produit des paysages et intérieurs présentés aux salons à partir de 1886. A Tunis, il rencontre, en décembre 1887, Maupassant à qui il offre une chienne Tahya.
Ces œuvres ont permis à d'aucun de le qualifier inconséquemment de peintre orientaliste comme si la présence d'un oasis ou d'un palmier dans la toile du moindre « tableauiste » autorise une telle catégorisation. Si son compatriote bourbonnais, Marius Perret (1853-1900)[2], peut être considéré comme un orientaliste, Charvot reste, essentiellement, un paysagiste dont les vues s'inspirent des régions traversées même si, parfois, il traduit une atmosphère, une particularité, un sentiment local comme dans son « Intérieur arabe à Djara, Sud Tunisien » du salon de 1887.
Ainsi, par exemple, la « La jetée à Sidi Bou Saïd » (1888), mise en vente sous la classification « Orientalisme » en octobre 2003, pourrait être un paysage des côtes ibériques, helléniques voire du littoral méditerranéen français. Les amateurs n'ont pas été leurrés et cette toile, agréable, n'a trouvé preneur, tout comme cette aquarelle datée de 1885 "Gabès, felouques près de l'oasis" et retirée de la vente en 2007 .
Ses paysages rustiques sont animés de paysannes, bergères et autres fermières.
A la fin des années 1890, Charvot réside à Genève où il expose en 1898 à l'occasion d'une exposition municipale.
Vers 1900, de retour en France, Charvot demeure au 3 avenue Ceinture à Créteil, et, parcourt l'Ile-de-France et ses abords, des rives de la Marne aux environs d'Evreux.
Il s'exerce alors à la gravure. Après une longue éclipse des salons de la Société des Artistes Français de 1888 à 1901, excepté une présence en 1890 et 1898, il expose de nouveau en 1902, principalement dans la section Gravure, avec des eaux-fortes originales[3] représentant surtout des scènes rustiques pour lesquelles il obtiendra une mention honorable en 1904 puis une médaille de 3ème classe en 1906.
Remarqué par Henri Beraldin ce dernier lui demande, pour la Revue de l'Art Ancien et Moderne, des pièces dont les premières « Paysanne sous la feuillée » et « Paysanne en plaine gardant sa vache »[4], publiées en 1904, sont exposées au salon de la Société des Artistes Français (n°3961-1 & 3961-2). Elles seront suivies, en 1906, par « Au bord de l'eau », « La sieste » et « Vache au coin d'un bois » présentées au SAF sous les numéros (4076-2, 4076-4, 4076-5).
Le graveur Eugène Charvot séduit jusqu'au chroniqueur de la Revue de Paris, Raymond Bouyer, qui écrit « l'aquafortiste Eugène Charvot... réconcilie dans ses affections la savante probité d'un Harpignies et la rustique ferveur d'un Millet ».
1906 est une année marquante pour Eugène Charvot : il est récompensé pour la deuxième fois au Salon, et, son œuvre évolue. A ses paysages, Charvot ajoute quelques vues de villes, principalement normandes, entre autres la cité d'Evreux. De cette série, émerge une agréable eau-forte « Le Beffroi d'Evreux » (1908) qui sera publiée par la Revue de l'Art en mai 1913.
En 1908 et 1909, Charvot présente, sans succès, deux eaux-fortes, inspirées de l'Ancien et du Nouveau Testament, au Concours Belin-Dollet, prix que nous aurons l'occasion de développer lors d'une prochaine notice sur son créateur le peintre graveur bourbonnais Georges-Gaspard Belin-Dollet (1839-1902).
Après 1911, il n'apparaît plus dans les livrets et dans les revues bourbonnaises où l'on ne retrouve d'ailleurs aucune nécrologie.
Néanmoins, Charvot continue à graver ; témoin cette eau-forte signée et datée dans la planche "Charvot 1914" reproduisant une paysanne assise sous un feuillus et tricotant tout en gardant sa vache.
La date de son décès est inconnue mais estimée aux alentours de 1924.
Sa fille, Mme Yvonne Charvot Barnett, léguera dix-neuf peintures, deux cent deux œuvres sur papier ainsi que des documents d'archives au Cummer Museum of Art & Gardens de Jacksonville, Floride.
Nous connaissons peu d'élèves d'Eugène Charvot, ou du moins d'artistes ayant suivi ses conseils, néanmoins nous pouvons citer :
Ll'historien-peintre amateur Camille Grégoire [5] (Moulins, 1842-1913) qui expose aux salons de la Société des Artistes Français de 1909 et 1911. Charvot a fourni quelques hors textes pour illustrer l'ouvrage de ce dernier « Excursion dans le canton de Saint-Pourçain » (Saint-Pourçain, Imprimerie G. Dupuis, 1900 ; in-8, broché. 3ff.-III-131pp. - 15 planches hors-texte)
L'aquafortiste grenoblois, Clément Pierre Charlemagne, qui expose aux salons de la Société des Artistes Français de 1911, 1913 et 1939.
Victor Valery Lochelongue (1870-1930), graveur à l'eau-forte et à la pointe sèche, actif de 1906 à 1930 avec des vues principalement de Normandie.
Le graveur parisien Ernest Jules Mouton, demeurant également à Créteil, qui expose, entre 1906 et 1910, des eaux-fortes originales ainsi qu'une interprétation de Van Ostade.
Dr Jules Chauvel, Précis d'opérations de chirurgie, 1ère édition en 1877 avec 281 dessins de Charvot gravés par E Marchand (Editions J-B Baillière & fils), réédition en 1883 avec 303 dessins de Charvot.
Alexandre Lacassagne, Précis de médecine judiciaire, avec 47 figures dans le texte et 4 planches en couleur par le Dr E. Charvot (Paris, G. Masson, 1878, 576 p.)
Dr E. Charvot, Causerie artistique. Les origines de la peinture française, Editeur : Impr. de E. Auclaire (1897) 50 pages
A défaut de précision contraire, les œuvres ont été présentées au salon de la Société des Artistes Français[7].
1876, « Un Chemin creux » dessin à la plume.
1879, « Prairies Bourbonnaises » (peinture, n°605 du catalogue).
1880, « Les bords de l'étang de Trivaux (Meudon) » (peinture).
1881, « Paysanne » (peinture).
1882, « Le Bas-Meudon » (peinture),
« Un coin de prairie » (peinture).
Domiciliation : Rue des Quatre-Eglises, Nancy, et, Chez M. Foinet, 54 rue Notre-Dame-des-Champs, Paris.
1884, « Vue du parc de Saint-Cloud, soleil couchant » (peinture, n°507)
1885 ? Nota : Manque d'information.
Domiciliation : Chez M. le Dr Charvot, 1 rue du Maroc, Paris
1886, « Intérieur arabe à Djara, Tunisie » (peinture, n°501),
« Les bords de l'Oued-Gabès, à Djara » (peinture, n°502),
1887, « Intérieur arabe à Djara, Sud Tunisien » (peinture, n°513),
Domiciliation : 22 rue de La Tour-d'Auvergne, Paris.
1890, « La Rue à El Halfaouine » (peinture, n° 506),
« La Rue du Pacha » (peinture, n°507),
Domiciliation : Chez M. Maurice Faure, 2 avenue de Villiers, Paris.
1898, « Intérieur arabe à Tunis » (peinture, n° 454),
« Paysage en Bourbonnais » (peinture, n°455).
Domiciliation : 3 avenue de Ceinture, Créteil.
1902, « Bateau-lavoir sur la Marne » (peinture n°356),
« Un chemin creux » (eau-forte originale n°3404),
« Prairie au bord d'une rivière » (eau-forte originale n°3405-1),
« Le soir » (eau-forte originale n°3405-2).
1903, « Bords de la Moselle » (peinture n°),
1904, « Paysanne sous la feuillée » (eau-forte originale n°3961-1),
« Paysanne en plaine gardant sa vache » (eau-forte originale n°3961-2),
« Petite fille faisant boire sa vache » (eau-forte originale n°3961-3),
« Paysanne au crépuscule » (eau-forte originale n°3961-4).
1905, « Paysanne brûlant des herbes, au crépuscule » (eau-forte originale n°4292, voir au musée de Grenoble)
1906, « La Vieille tour de l'horloge à Evreux » (eau-forte originale n°4076-1),
« Au bord de l'eau » (eau-forte originale n°4076-2),
« La Maison du grand veneur à Evreux » (eau-forte originale n°4076-3),
« La sieste » (n°4076-4),
« Vache au coin d'un bois » (n°4076-5).
1907, « Un coin de prairie, effet d'orage » (eau-forte originale n°3987-1),
« Chemin normand » (eau-forte originale n°3987-2),
« Vieilles maisons à Evreux » (eau-forte originale n°3987-3),
« Nocturne » (eau-forte originale n°3987-4).
1908, « Samson mettant le feu aux moissons des Philistins » (eau-forte originale, Concours Belin-Dollet, n°4251),
« Le Repos au labourage » (eau-forte originale n°4252)
1909 « L'Enfant prodigue gardant les pourceaux », (eau-forte originale, Concours Belin-Dollet, n°4408).
1911, « L'Orage », (eau-forte originale n°4467°),
« Le Sommeil des Nymphes » eau-forte d'après Narcisse Diaz (1807-1876) (n°4468).
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Cette notice s'inscrit dans notre essai d'un "Index des peintres en Auvergne et Bourbonnais". Si vous possédez des informations, documents ou œuvres, contactez-moi par courriel à l'adresse info@alceste-net.com.
[1] Directeur des Beaux-Arts de Besançon, il ne partageait pas l'admiration de son élève Jules Emile Zingg (1882-1942) pour Courbet qui traversera donc rapidement sa classe. Nous retrouverons Zingg dans une prochaine notice de notre « Index ».
[2] Cet artiste s'inscrit naturellement dans notre « Index » et sera le sujet d'une prochaine notice.
[3] Exceptée la dernière, gravure d'interprétation d'après Narcisse Diaz (1807-1876) « Le Sommeil des Nymphes » exposée en 1911 (n°4468 du catalogue).
[4] Cette gravure a été mise, récemment, sur le marché sous le nom « Aux champs » (La feuille 202 *288 mm, au TC 150 * 186 mm) et n'a pas trouvé l'écho auquel on peut s'attendre d'une pièce de cette qualité.
[5] Selon les indications fournies pour les catalogues des salons de la Société des Artistes Français de 1909 et 1911 auxquels il participe avec des vues d'Hérisson (eaux-fortes).
[6] Cette récompense est omise dans le Benezit (édition 1999).
[7] La présente liste a pu être dressée par la compilation des Catalogues, des revues de l'époque comme les « Annales Bourbonnaises », le « Bulletin de la Société d'Emulation du Bourbonnais », la « Quinzaine bourbonnaise » et les ouvrages de Bellier, et, de Dugnat & Sanchez (cf. Bibl.).