En visite avec alceste
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Texte de Robert-Louis Liris.
De la nécessaire conservation de toutes les sources imagées.
L’historien doit ajouter quelque chose qui est de l’imaginaire.
Les hallucinations partagées à la source des changements politiques et religieux.
La psychohistoire recherche les motivations cachées en scrutant l’envers et l’endroit des images.
On a souvent privilégié l’histoire à l’archéologie; cette dernière étant jadis qualifiée d’humble servante de l’histoire parce qu’elle trouve l’aliment de son étude dans des traces matérielles et des vestiges enfouis. Les textes, les signes peints ou gravés, peintures, sculptures, sont découverts sur des supports les plus divers et les moins attendus. En aucune façon ils ne furent archivés pour entrer dans un processus de transmission de la mémoire ; cependant les sociétés sans textes écrits ne sont pas des sociétés sans signes abstraits porteurs de sens. Tacite, l’histoire nous est souvent cachée.
L’histoire aurait la part belle en se livrant ingénument à l’étude des sociétés du passé à travers les textes, manuscrits ou imprimés, illustrés ou non d’images. Les mots sont des images mentales qui ont le pouvoir de suggestion. Mis en voix, les mots ont un pouvoir de fascination : c’est l’hypnose à la voix, individuelle ou hypnose des foules que le dirigeant des masses sait d’instinct moduler et initier. Si on reprend une idée de Bernard Henri Levy les « images détiennent des pouvoirs dont les mots sont dépourvus… » Platon le redoutait car l’image est subversion ; son au delà se réduit à l’abstrait… La poésie des mots est l’outre langage, une parole perdue et retrouvée. Images et poésies sont étrangères à la cité car elles arrivent d’un autre monde, et font retour par voie d’emprunts. Seuls sont humains les voleurs de feu. Chassés de la cité, ils soliloquent une autre histoire que révèle à l’initié l’exploration de la psyché. Cette histoire profonde est une psychohistoire. Le mot est image, la lettre est figuration abstraite. Par l’énigme de leur géométrie, les étoiles sont l’alphabet d’un infini.
Deux avis, parmi bien d’autres, contribuent à ébranler les certitudes pesantes et copieuses du savoir historique richement prébendé par les manipulateurs de sources écrites.
Pascal Quignard pense que « l’histoire est une pauvre construction orientée dans le temps pour rassurer les gens... ». Quant à G. Duby il avait écrit il y a longtemps : « la trame des informations n’est pas assez serrée et l’historien doit ajouter quelque chose qui est de l’imaginaire... » ; Pour Marc Bloch, tout fait historique est aussi un fait psychologique. Comment, dans ces conditions évaluer avec des critères universels les sources imagées, notamment les photos de presse, mais aussi les images publicitaires, les caricatures qu’il faut rejeter ou conserver pour des études futures dont le regard et les méthodes critiques ne peuvent qu’évoluer ou se contredire ?
Il n’est pas nécessaire qu’un phénomène visuel ou auditif soit réel pour produire et amorcer de grands changements dans la cité-état. Les attentes des peuples angoissés par leur avenir sont précédées de signes prétendument perçus : voix entendues par jeanne d’Arc, Gilles de Rais, Bernadette Soubirou. Visions de buissons enflammés (et parlants !) pour le fondateurs de religion. Réduites au silence des pauvres, les minorités font parler et se manifester de puissantes entités qui ont destin de les protéger et conduire. Ces « inspirés » trouvent des foules de dévots assez simples pour les croire lors d’une grande adversité (le concept d’effondrement paranoïaque est à ce propos assez pertinent.)
Du point de vue individuel une illusion peut causer des émois partagés et très répandus chez les Bouvard et Pécuchet qui font de plus en plus frissonner l’éther vague numérique. Il s’agit de la banale et bien connue paréidolie. Nous sommes conditionnés par l’évolution pour reconnaître la forme première du visage humain : deux yeux et une bouche. Ainsi on crut voir un visage humain sur Mars ; les Bosniaques musulmans voient dans les nuages des versets du Coran tandis que les Croates catholiques sont sensibles aux apparitions hallucinatoires de la Vierge dans les grottes.
Le psychohistorien, en matière d’image doit être sur le qui vive.
La PSYCHOHISTOIRE dont l’objet est le pourquoi de l’histoire (et non le quoi), recherche les motivations cachées, et doit faire feu de tout bois. Elle va s’attacher à repérer, conserver et interpréter à la lumière de la psychanalyse et d’autres éclairages, le document laissé pour compte. Il est grand temps de se mettre à l’ouvrage, car tous les documents surtout imagés ne sont pas conservés. Les « Betman archives », fonds riche de onze millions d’images, ne peuvent être numérisées dans leur ensemble faute de moyens. Ne seront conservés que les documents de portée moyenne publiables et exploitables de façon assez banale (politiquement correct oblige !) pour un large public peu enclin à la critique d’image. La Psychohistoire, dans sa singularité se fait un devoir de révéler la face cachée de l’image. En cela elle se place aux avant-postes de la conscience historique et demeure moins sensible aux arguments des marchands d’oubli.
Parmi toutes les images offertes à la ferveur du public, certaines, par la qualité de leur fabrication prouve une réelle et singulière dévotion.
Les artisans de la soierie lyonnaise ont offert cette création au Maréchal. Si l’on considère l’envers du tissage, la face sombre peut faire songer à celle de son adversaire Hidenburg /Pétain… la noirceur de la tache sur un fond d’hexagone national ! Collection R.L.Liris
Ainsi l’envers d’une tapisserie comme le négatif photographique peuvent révéler ce qui est caché ou latent. L’exploration de l’A rebours imagé livre des significations occultées et d’une certaine façon révèle le contraire de ce qui a voulu être mis en scène. L’envers du décor serait-il prédictif ? Le « vainqueur de Verdun » fait-il songer au vaincu de Vichy et de Weimar ?
L’archétype jungien de l’ombre à la noirceur profonde est-il révélé par l’envers de la trame ? Ainsi la double personnalité de Pétain peut être évoquée mais l’histoire de son parcours, pour les historiens du récit et des faits établis, est bien accomplie sous le signe de l’inverse. Cet obscur un peuple traumatisé par une étrange défaite, ne pouvait ni le voir ni voulut le savoir l’an quarante. La nation se voulut absente du récit noir de son effondrement et du choix de la collaboration avec l’ennemi des trois guerres. La résistance des humbles patriotes confia au peu visible et lointain, en ses débuts, « général micro », le soin de son nouvel enchantement. Les porteurs de changement pour ordinaires qu’ils demeurent, ne peuvent l’être, condamnés qu’ils sont à hanter la noirceur espérant comme lady Macbeth en vain la dérober à nos yeux de lune. Noires sont alors les fumées de l’enfer ! La « lampe d’argile » du poète Aragon, tout comme la flamme de la Liberté guidant le peuple ces incarnations des Lumières en eurent raison pour cette fois ! Il n’existe pas de société stable !
En savoir plus sur l’utilisation de l’image dans la France de 1940 à 1942 : « L’Ordinaire de Vichy » par Robert Liris.
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